Lincoln avait décidé d’explorer le Mont Baker. Parce qu’en bon journaliste, il se devait de se cultiver en permanence. Certes, il préférait, et de loin, les affaires politiques et économiques, mais s’il devait un jour écrire sur la nature, au moins, il ne serait pas en proie au syndrome de la page blanche. On n’est jamais trop prudent. C’est donc très décidé que le jeune homme se leva le matin, prit une bonne douche et se prépara. Avant de partir il s’empara d’un carnet de notes et d’un stylo, réflexe de journaliste. Et c’était parti !

Lincoln monta un bon moment perdu dans ses pensées. Parfois il se demandait vraiment comment un australien de pure souche puisse se retrouver dans un endroit si perdu. Oui, il avait le mal du pays de temps en temps. Pourtant il n’avait pas d’attaches au pays. Alors il avait suivi la seule personne qui aurait pu le retenir. Et si cette personne savait… Mais Emrys avait besoin d’un protecteur, d’un ange gardien et Lincoln était là pour ça. Et peut-être qu’il espérait plus, il ne savait pas, il ne savait plus en tout cas. Toutes ses certitudes étaient tombées à l’eau en arrivant ici.

Cela faisait déjà plusieurs kilomètres que l’australien marchait lorsqu’il entendit un bruit inhabituel de cailloux le sortit de sa rêverie. Quelqu’un était-il tombé ? Pourtant il n’entendit personne crier ou même un petit ‘aïe’ qui aurait pu l’alerter. Lincoln reprit alors sa marche d’un bon pas, déterminé à trouver quelque chose à raconter de sa journée. Autant dire qu’au tournant suivant il eut de quoi faire. Le jeune homme vit une paire de mains s’accrochant désespérément à une branche. Il se mit à courir et se mit à genoux devant la personne qui pendait dans le vide. Et c’est alors qu’il vit avec effroi que cette personne n’était autre qu’Emrys son protégé. Son cœur s’emballa légèrement, de peur principalement. Et s’il lâchait sans qu’il ai le temps de le secourir ? Alors il le verrait s’écraser une centaine de mètres plus bas. Non, impossible, il ne pouvait pas le tolérer. Lincoln lui tendit alors une main pendant qu’il agrippait le poignet de l’adolescent avec son autre main.

« Allez ! Prends ma main, dépêche-toi ! »