Comme d’habitude mon réveil sonnait. Il était sept heures moins dix. J’avais toujours besoin d’un peu de temps pour me lever le matin. J’émergeais à peine quand je m’assis dans le lit repoussant les couvertures et cherchant sur la table de chever mon paquet de cigarette. Je ne fume pas réellement, je n fume qu’en soirée, et cette première cigarette matinale. Depuis des années j’en ai besoin pour commencer d’un bon pied la journée. Et cette journée s’annonce plutôt chargée. Plein de rendez-vous aujourd’hui. Et notamment Mrs Bedford qui s’est donné un malin plaisir à vouloir ne rien négocier. Dans un divorce à l’amiable le mot amiable ne suggère pas qu’il faut s’entendre. Mais non elle voulait tout. Et moi étant son avocat je n’avais pas vraiment le choix.  Si j’adorais mon métier, les gens comme Mrs Bedford étaient ceux qui m’ennuyaient. Ceux qui avaient de l’argent et qui le dépensaient en me prenant pour un simple accessoire qu’ils achètent pour accéder à leur but : faire encore plus d’argent. Je portais la cigarette à mes lèvres et me levais pour aller ouvrir la fenêtre. Pas question qu’il y ait de la fumée dans la chambre. Si j’appréciais la première bouffée du matin retrouver l’odeur de tabac froid le soir était plus que désagréable. Je soupirais, ouvrais la fenêtre et allumais la clope avant de l’étendre un bon coup faisant craquer mes mains et mes bras.

J’entendis les pieds de ma Teddy Bear battre le sol et je souriais alors que j’éteignais ma cigarette. Elle allait réveiller Charlotte. Il n’était assez inhabituel de me voir le matin pour elle. Mais pourtant elle ne venait jamais me réveiller en premier alors qu’elle pourrait le faire. Et tant mieux, au moins elle ne subit pas la fumée de la cigarette que j’étouffe à présent d’un geste de la main. Une douche rapide et surtout bien froide et je suis déjà dans mon costume noir. Celui des grands jours. Oui comme je vous le dit, plusieurs rendez-vous aujourd’hui. Je descends l’escalier et tombe sur les deux demoiselles dans la cuisine. Un large sourire aux lèvres je regarde Teddy. « Bonjour Dominic. Je vous ai préparé votre café ! » je souris et hoche de la tête en remerciement. « Merci Charlotte. Bonjour ! » je passais une main dans ma nuque et me tournais vers ma fille. « Alors comme ça on dit pas bonjour à papa Teddy Bear ! ?  » dis-je en faisant une mine boudeuse. « Mais enfin papa, tu m’as dit qu’il fallait pas manger la bouche pleine ! » dit-elle en me regardant comme si j’étais un idiot. Je me mis à rire et allais la prendre dans mes bras. « il ne faut pas PARLER la bouche pleine Teddy, pas manger. » je souriais doucement et déposais un baiser sur son front avant d’aller prendre le thermos que Charlotte m’avait préparé.  « Nous allons à la piscine cette après-midi. Et si Teddy est sage, peut-être qu’on ira se prendre une glace ?! » je souris doucement et allais dire quelque chose quand Teddy pris de nouveau la parole. « Je serais la plus gentille du monde Charlotte ! » je riais de bon cœur.  « Je n’en doute pas. » « Oh moi non plus. Je vous envie les filles, moi c’est réunion après réunion aujourd’hui ! Je préfèrerai passer mon temps à la piscine ou à manger des glaces ! » je riais un peu puis pris mon attaché case au salon. J’adorais mon métier bien sûr, mais j’adorais tout autant ma fille. J’avais bien failli m’en détacher trop et puis … l’entorse de maman et certainement Charlotte m’avaient remis dans le droit chemin. « Vous me garderez de la glace !? » demandais-je avait de déposer un dernier baiser sur le front de Teddy et de saluer Charlotte. Je ne sais toujours pas comment me comporter devant elle. Ca devient un peu agaçant là quand même Dom ! « Bonne journée ! » « Bonne journée Charlotte. Bonne journée Teddy Bear ! »

La journée fut des plus longues. Alors que j’étais assis à écouter les disputes de Mr. Et Mrs Bedford, j’imaginais Charlotte et Teddy à la piscine. Au moins elles devaient d’amuser elle. Je soupirais doucement et me reconcentrais sur Mrs. Bedford qui voulait à présent garder la maison dans les Hamptons. « Soyez honnête Mr. Bedford, votre femme passe beaucoup plus de temps dans les Hamptons que vous, il semble dont logique que ça soit elle qui garde ce petit pied à terre. Nous pourrions peut être céder sur une autre propriété immobilière. L’appartement sur Central Park peut être ! » dis-je en regardant Mrs. Bedford se décomposer. Il faut faire des compromis. A l’amour comme à la guerre !

« Bon moi je rentre. » il était certes pas encore trop tard, mais j’avais envie de me retrouver un peu chez moi. « Oui Amanda vous allez me dire qu’il y a le dossier Jameson en attente, mais j’ai pris le dossier avec moi » dis-je en désignant le pavé se trouvant dans mes bras. « Bien dans ce cas Mr. Fitzpatrick, à demain ! » je soupirais doucement. Amanda était mon assistante depuis plus de trois ans déjà –elle avait été promue de standardiste a assistante quand j’avais pris la succession de papa- et elle était toujours en train de me regarder comme si elle allait me sauter dessus. C’était très gênant. Surtout que ça n’avait rien de réciproque. Et quand bien même, on ne mélange pas le travail et l’amour. « Non pas demain Amanda, c’est repos demain ! » je lui fis un signe de la main. Malgré son béguin évident, Amanda était une bonne assistante. Heureusement.

Je rentrais donc à la maison. Qui était vide pour l’instant. Bon, je laissais la porte ouverte pour elles tout à l’heure et me remplis de nouveau mon thermos. Après avoir passé un jean et une chemise ouverte je m’installais à mon bureau. L’affaire Jameson était assez délicate. Mr. Jameson avait été accusé d’avoir intentionnellement tapé sa femme. Mais j’étais persuadé qu’il se passait quelque chose d’autre. Il fallait pourtant être rusé au risque de me faire traiter de misogyne.  Je devais surtout prouver qu’il était plus la victime qu’elle, ce qui n’était pas une mince affaire car le passé de Mr. Jameson ne le plaçait pas en gagnant. « Teddy, ta glace, c’est à table ! » je souris doucement en les entendant rentrer. Ca faisait déjà une demie heure que j’étais dessus, et je n’avais encore trouvé aucune issue. Ca viendrait, je ne m’en faisais pas vraiment. J’étais compétent. Et j’étais bien entouré. Je décidais donc d’aller faire des fax aux cabinets de ce que j’avais obtenu pour le moment en sortant je heurtais Charlotte qui passait dans le couloir.  « Je suis désolée… » je souris doucement « Oh c’est pas grave. Ca arrive. La journée s’est bien passée ? » demandais-je poliment les papiers toujours dans mes mains. « On ne va pas vous embêter, un Disney nous attend ! » je souris franchement « Très bien, bon film dans ce cas. » dis-je en la regardant s’éloigner et en allant à mon tour faire mes fax dans la pièce voisine.

Après avoir parlé un bon quart d’heure encore avec mon collègue au sujet de l’affaire Jameson, je décidais de prendre une petite pause. Voir terminer la journée professionnelle là. Oui ça me ferait du bine un petit peu de repos. « On en reparle demain Tom, je vais manger là, j’y verrai peut être plus clair. On se rappelle dans la journée. » oui il n’y avait pas réellement de temps libre dans mon métier ! Je descendais donc au salon où je trouvais Charlotte et Teddy épuisée endormies devant leur dessin animé. Un sourire au coin des lèvres je pris une couverture posée sur le dossier du fauteuil et les recouvrit avant d’aller à la cuisine. Réfléchissant un peu j’arquais un sourcil et tendis la main pour ouvrir le frigo. Bon … allez. Je pris dans le bac à légumes quelques tomates que je commençais à couper en morceaux. Ce soir on va manger des spaghettis bolognaise. « Stuck in the middle with youuu » me mis-je doucement à chantonner alors que je continuais à préparer le repas. Elle auraient surement faim après tant d’émotions.

« Je me suis endormie, désolée… » je souris doucement en voyant sa petite tête ensommeillée revenir du salon. « C’est pas grave. C’est l’effet Raiponce peut être ? » dis-je doucement en ajoutant à la sauce tomate la viande à présent. « C’est pas mon préféré en tout cas, je me serai endormie comme une masse moi aussi » dis-je avec humour alors que je laissais la nourriture mijoter.  « Je vais mettre le couvert. » je souriais « Bien merci. » murmurais-je. Je me sentais un peu idiot en fait, comme toujours je ne savais pas quoi faire en sa présence. C’était étrange. Surtout … qu’elle était bien plus jeune que moi. Je soupirais un peu en la voyant s’éloigner. Pourquoi il y avait cette tension entre nous ainsi ? C’était vraiment frustrant. Et voilà Teddy qui arrivait enfin. « Bonsoir ma chérie » dis-je en allant lui faire un gros câlin. Elle m’avait tellement manqué. En sa présence celle de Charlotte était bien moins « dérangeante ». Même si dérangeante n’est pas le mot, c’est le seul qui me vient présentement.  « On mange rapidement et j’irais te coucher après d’accord ?! » je souriais doucement, elle avait les yeux en coucher de soleil c’était tellement mignon à voir. « J’ai fait ton plat préféré en plus Teddy Bear ! » je souriais doucement alors que son visage s’éclairait.  « Je peux faire quelque chose ? » « A part aller t’installer à la table, non. » dis-je en souriant. J’égouttais les pates et les mis dans un plat avant d’y ajouter la sauce et la viande. Doucement je posais le plat et entrepris de les servir. « Bon appêtit ! » dis-je une fois que tout le monde fut servi. « Vous avez passé une bonne journée ? Teddy a été très sage aujourd’hui, elle a fait plein de plongeons et a même testé le toboggan rouge. » je souriais une nouvelle fois –putain ce que je souris quand elle est là j’ai l’air trop con- et haussais les épaules. « Journée banale. Des dossiers assez casse tête. Surtout celui que j’ai ramené à la maison. Mais au moins demain c’est le repos. » j’écoutais par la suite Teddy me donner tout les détails sur sa journée qui sembla bien plus trépidante que la mienne. « Hé bien je connais un petit ourson qui doit être totalement épuisé » dis-je en riant en voyant Teddy bailler aux corneilles. « Bonne nuit ma chérie, comme toujours je passerai te voir avant d’aller dormir » c’était un de mes petits plaisir, aller la regarder dormir. Ainsi j’étais sûr que personne ne pouvait lui faire de mal. Je me levais pour retirer le couvert alors que Charlotte montait coucher la petite.

« Je peux le faire, si vous avez du travail… » je sursautais, je ne l’avais pas entendue revenir et manqua de laisser tomber une assiette. Mais heureusement non. « Non non ça va aller, j’ai presque fini, et puis repose toi un peu, tu dois être exténuée.  » je détournais rapidement les yeux. Ah oui … revoilà la gêne.  « Vous êtes en congé demain ? Je peux… sortir si vous voulez passer la journée avec Teddy. » je tournais de nouveau les yeux vers elle. « Oui enfin du repos, ça fait du bien.  » surtout que le cas Jameson n’avançait pas. « A vrai dire j’avais pensé qu’on aurait pu aller se promener un peu tout les trois. Faire une petite virée pour la journée. » je souris puis me ravisais. Peut être qu’elle avait besoin de temps libre. C’était un job à plein temps de s’occuper de Teddy. « Enfin, désolé. Si tu veux ta journée n’hésite pas surtout.  » je me sentais un peu gêné. Je n’avais jamais réellement fait ça. Avoir une fille au pair. Je l’avais proposé à la base sans vraiment savoir, pour me faire pardonner et parce qu’elle m’intriguait beaucoup –bon ok elle m’intrigue encore beaucoup- et puis … en fait c’était vraiment utile. Autant à elle qu’à moi. Donc … « Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous remercier pour tout ça. Enfin, c’est une opportunité magnifique pour moi et c’est grâce à vous. Si j’avais su, je ne vous aurais jamais agressé comme ça pour un simple taxi. » est ce qu’elle lisait dans mes pensées ? J’étais stupéfait. « Oh tu sais c’est pas grave. Enfin je veux dire, ça t’arrangeait et ça m’arrangeait aussi.  » je ris doucement avec elle. Oui au moins ça avait été une rencontre vraiment particulières. « Boh c’est souvent les rencontres les plus étranges et cocasses qui font les relations les plus durables ! » dis-je réalisant seulement après avoir prononcé ces mots que ce que je venais de dire pouvait être mal interprété. Je me retournais donc vivement pour nous prendre deux mugs. Oui à mon âge c’est terriblement mature !

Je souriais doucement. J’étais tendu, comme toujours en sa présence c’était un peu étonnant moi qui ai l’habitude pourtant de gérer les situations. Me retrouver gêné devant une jeune femme de 17 ans. Mais que voulez vous. C’est pourtant bel et bien le cas. J’essayais de détendre l’atmosphère en parlant un petit peu. Je parlais d’une éventuelle journée ensemble. Enfin avec Teddy Bear bien entendu. Mais peut être qu’elle avait d’autres projets. « Oh non, ça me ferait plaisir de passer du temps avec vous. Enfin avec Teddy et vous… » je souris. « Bien dans ce cas c’est bon alors. On fera comme ça. » je souriaid doucement et terminais de m’affairer dans la cuisine. C’était étrange j’avais une sorte de boule dans la gorge et j’avais la bouche sèche. Ne me dites pas que je suis en train de stresser quand même ! Allez tu te calmes Dom ! Tous les trois devions passer du temps ensemble et elle devenait importante dans la vie de Teddy, c’était normal de l’inclure aussi dans nos sorties. Elle n’avait pas à etre gênée de quoi que ce soit, souvent les choses sont imprévues ou inattendues et c’est quand même mieux. « Oui, c’est souvent ce qu’on dit. » je hochais de la tête doucement alors que je lui tendais sa tasse.

Une fois avoir terminé tout ça, je la rejoignais sur le canapé. C’était tellement étrange mais aussi agréable. Je ne savais pourtant pas trop quoi dire. Heureusement elle prenait la parole comblant ce silence. « Vous avez des projets pour demain ? Enfin des idées de ce que vous voulez faire ? » je haussais les épaules un peu non j’avais pas pensé vraiment à ça. « Heu non pas réellement je comptait vous demander ce que vous vouliez faire demain. » j’y ajoutais un sourire. « J’avais parlé du lac Whatcom à Teddy, s’il faisait beau pour aller se baigner. Mais enfin… si vous avez déjà quelque chose en tête, elle sera surtout heureuse d’être avec vous. » je souriais un peu plus largement. « Hé bien pourquoi pas en effet c’est une idée. et puis si Teddy est emballée par l’idée moi ça me convient très bien. On pourrait peut être aussi passer chez ma mère après. Ça fait un moment qu’elle n’a pas vu Teddy ». Je souriais et étirais un peu mes jambes et mes bras après. J’étais courbatu. Assis à un bureau toute la journée c’était parfois épuisant. Je bus un peu de ma boisson la savourant avec délectation. « Pourquoi vous êtes toujours seul ? Enfin, célibataire… ? » sa question me surpris et je tournais la tête vers elle étonné. « Oh heu … je ne sais pas peut être parce que j’ai peur de me planter, ca fait longtemps que je n’ai plus fréquenté personne. Peut être aussi parce que j’ai peur que Teddy pense que je veuille remplacer sa mère. » je haussais les épaules je souriais mais c’était assez égoïste de mettre ça sur le dos de Teddy. « Non je crois que surtout je ne sais plus trop comment ça se passe de ce côté là. Je n’ai toujours connu que ma femme. » j’étais honnête avec elle. C’était vrai.